Le vin

Champagne de producteur : Le terroir sinon rien

Si la Champagne peut s’enorgueillir de posséder des marques parmi les plus connues au monde, des maisons telles Moët & Chandon ou Veuve Clicquot qui entretiennent la notoriété du célèbre effervescent, c’est une appellation parmi les plus riches qui soit en vignerons indépendants.

On compte aujourd’hui pas moins de 3000 vignerons qui élaborent leur propre champagne. De la vigne à la bouteille, en passant par la vinification et le dosage, ces petits producteurs maitrisent totalement et entièrement l’élaboration de leurs cuvées.

Grandes maisons de champagne et raisin

Si les grandes maisons s’approvisionnent en raisin à travers toute la Champagne, que ce soit leurs propres vignes ou via des viticulteurs leur fournissant leur récolte, les vignerons cultivent eux un lien très étroit avec le terroir.

A la tête d’une poignée d’hectares, ils connaissent leurs parcelles sur le bout des doigts, savent anticiper les réactions de leurs vignes au moindre aléa climatique, et surtout savent comment marier les caractéristiques de chaque pied pour en tirer le meilleur et élaborer des cuvées uniques.

Ainsi la maison Diebolt-Vallois, installée à Cramant sur la Côte des Blancs, le plus beau terroir de Champagne pour les chardonnays, possède des parcelles à Cramant et sur les quelques villages avoisinant (Chouilly, Epernay et Cuis).

Une maitrise totale de l’approvisionnement et des terroirs qui permet à la maison Diebolt-Vallois d’élaborer probablement les meilleurs Blanc de Blancs de Champagne. Le fondateur de la maison, est l’un des meilleurs nez de Champagne, capable d’identifier à coup sûr les arômes, les finesses et les subtilités qui feront d’une grappe de raisin un grand vin.

L’art de vinifier le champagne

Mais la maitrise du terroir ne serait rien sans le talent de vinificateur des vignerons. La maison Henri Giraud en est certainement l’un des meilleurs exemples. Installée au cœur du vignoble d’Aÿ, là où règnent en maitres les meilleurs pinots noirs de la région, elle accomplit un travail remarquable notamment sur l’élevage en fût de chêne. Une tradition un peu disparue dans la région où seules quelques maisons en ont fait leur signe distinctif comme Krug ou Bollinger.

Chez Henri Giraud, toute la gamme n’est pas déclinée en élevage sous bois, prouvant si il était besoin qu’un dogme n’est valable que si il s’applique avec intelligence et parcimonie. Ainsi les cuvées Eprit (Brut, Blanc de Blancs et Rosé) sont élevées en cuves traditionnelles tandis que le reste de la gamme est vinifié en fût et en foudre de chêne. C’est le talent des producteurs de champagne que de savoir appliquer les diverses techniques avec justesse, mais aussi de savoir innover.

la maison Henri Giraud innovait en installant sur le domaine des cuves ovoïdes de béton d’argile pour élever ses vins. Un matériau unique en Champagne, qui permet au vin de respirer, qui autorise un mince échange entre l’air extérieur et le vin. Une telle méthode, si elle doit être totalement maitrisée, apporte au vin un supplément d’âme, et participe au développement des arômes et de la maturité d’une cuvée.

Modernité et tradition du champagne

Thevenet-Delouvin est un autre producteur de champagne remarquable de modernité. En mettant au point la cuvée Insolite, qui porte parfaitement son nom, la maison a pris des risques en innovant, en sortant des sentiers battus. Des risques qui se sont soldés par des échecs avant de mettre au point une méthode parfaite pour élaborer un champagne différent.

La cuvée Insolite est un Blanc de Blancs vinifié totalement en fût, c’est-à-dire que fermentations alcoolique et malolactique sont réalisées sous bois. Ajoutez à cela un dosage très léger et vous obtenez un vin unique, pure, et d’une très grande longueur, marqué par des notes fumées étonnantes.

Enfin, on se saurait passer sous silence l’excellent travail de Fabrice Pouillon qui a revisité la vinification champenoise à sa manière. A travers les cuvées 2Xoz, il a expérimenté et moderniser l’ancienne façon de champagniser. Il a remplacé le dosage traditionnel par un dosage au sucre de raisin. Il a ainsi obtenu un champagne à la robe rubis foncé, presque rouge, une cuvée gourmande, aux notes aigres-douces, qui allie acidulé et sucré. Une cuvée surprenante qui prouve, s’il en était besoin, que la Champagne ne s’est pas endormie sur ses lauriers.