Recette du terroir

Le repas de Noël, les fêtes calendales, l’Epiphanie et la Chandeleur

Le 25 décembre, le jour de Noël est voué tout entier à la gastronomie. Le repas traditionnel a lieu le midi. Sur la table, on a toujours deux des trois nappes blanches et les 13 desserts. On sert des plats maigres en abondance, présage de prospérité ; et bien sûr le chapon, ou la traditionnelle dinde ou oie, toujours truffée et à la broche, ainsi que la non moins traditionnelle bûche de Noël.

C’est aussi l’occasion d’apprécier les apéritifs à base de noix, d’orange ou de pêche dont chaque famille provençale conserve précieusement le secret de fabrication.

L’abondance et l’ambiance festive font que le repas se prolonge généralement fort tard dans l’après-midi. Aussi, le soir, on proposera simplement la soupe à l’ail (aïgo boulido) voir aussi l’accord mets-vin et les quelques principes de base.

En Provence, le lendemain de Noël est fêté et on ne travaille pas : sur la dernière nappe blanche, on termine les restes de carde, de morue, de dinde et des treize desserts. L’après-midi est consacré à la visite chez les amis ou à la promenade dans les collines.

Mais l’ambiance, l’esprit de Noël, installés dans les maisons depuis la sainte Barbe ne vont pas s’évanouir aussitôt. Les fêtes calendales (ainsi nommées par Mistral, parce que la fête païenne des calendes de janvier fut adoptée par les chrétiens et confondue avec celle de la nativité du Christ) ne se termineront qu’avec la Chandeleur. D’ici là, il est encore possible d’aller écouter la pastorale ou admirer les crèches.

Les festivités du Jour de l’An : les provençaux ne boudent pas cette fête païenne, ils n’y adhèrent pas plus, ni moins, que les autres français, l’absence de référence religieuse la privant de tradition.

Après Noël, la fête importante, c’est le 6 janvier, jour de l’Épiphanie. Ce jour-là, arrivent les rois mages : Melchior apporte de l’encens, Gaspar de l’or et Balthazar la myrrhe. Comme les bergers le soir de Noël, ils ont cheminé pour venir adorer l’enfant Dieu. Seulement, ils sont en retard car un de leurs chameaux boitait (dixit la pastorale). On a fini les treize desserts mais on va tout de même leur faire un gâteau !

En Provence, le gâteau des Rois a une seule forme : une couronne de pâte briochée parfumée à la fleur d’oranger, garnie et recouverte de fruits confits d’Apt. Sa consistance en fait plus un goûter qu’un dessert. Le gâteau des Rois accompagne les goûters et veillées pendant tout le mois de janvier, jusqu’à la Chandeleur. Dans la pâte, le boulanger cache une fève (haricot plat sec) et un sujet (miniature en porcelaine). Le convive qui trouve le sujet offrira le prochain gâteau et celui qui trouve la fève se chargera du vin (Muscat) pour l’accompagner. Ainsi, de veillée en veillée, de maison en maison, chacun fait admirer sa crèche.

La Chandeleur clôture le cycle calendal. C’est le 2 février que l’on défait la crèche et que l’on range les santons dans leur boîte pour « l’an que vèn ». On mange ce jour-là des crêpes à la fleur d’oranger, que l’on a pris soin de faire sauter avec un louis d’or dans la main, porte-bonheur et signe de richesse future.

Ces deux mois de fêtes calendales sont toute l’histoire et la richesse du peuple provençal : amour, sincérité et traditions.